Dans le royaume de Bohême, les premières traces de l’héraldique nobiliaire remontent à la toute fin du XIIe siècle. Le blason des comtes de Vrtba – une triple ramure – remonte ainsi au seigneur Hroznata en 1197 et sera utilisé jusqu’à l’extinction de la lignée en 1830. Le deuxième plus ancien blason nobiliaire de Bohème est celui des seigneurs de Rožmberk. Cet écu meublé d’une rose (rappelant la racine ruž) figure sur le sceau de Vitek de Prčice en 1220 et a été utilisé jusqu’à la fin de la lignée en 1611. Parmi les plus anciens blasons encore utilisés de nos jours on trouve celui des Šternberk ou celui des Valdštejn. L’héraldique médiévale, privilégiait les blasons simples, faciles à mémoriser à l’image de l’étoile qui apparait sur le blason des Šternberk (de Stern, étoile en allemand) ou des créneaux des seigneurs de Cimburk (de cimbuří, créneau). |
L’héraldique tchèque se complique au XVIe siècle avec l’apparition des partitions. L’écu des Valdštejn se transforma ainsi d’un lion simple à un écu divisé en quatre, avec un lion sur chacune des partitions. Mais c’est surtout pour des raisons politiques que l’héraldique tchèque s’enrichit de nouvelles figures et se complexifie. En effet, jusqu’à la fin du XVIe siècle, l’aristocratie tchèque se résume à un groupe assez restreints de famille elles-mêmes divisées en chevaliers (rytíři) et seigneurs (pániI).Au début du XVIIe siècle, après l’échec de la révolte des états tchèques consécutifs à la bataille de la Montagne-Blanche, le roi d’Autriche Ferdinand II fit confisquer des biens de vieilles familles aristocratiques tchèques pour les restituer à une nouvelle aristocratie d’origine allemande. Les héraldistes se virent dans l’obligation d’enrichir leur répertoire d’animaux ou d’objets exotiques symbolisant l’activité ou le nom du nouveau noble. Ils piochèrent également dans les traditions héraldiques espagnole, française ou irlandaise et reprirent la tradition suivie dans certains pays d’enrichir les armoiries pour y incorporer les domaines acquis par mariage ou tout mérite spécial. Le généralissime Albrecht z Valdštejna (Albrecht von Wallenstein) incorpora dans son blason primitif les blasons de ses domaines de Mecklembourg, Frýdlant, Sagan, Wenden, Schwerin, Rostock et Stargard. En Moravie, le blason des seigneurs de Liechtenstein, originellement très sobre (un simple écu coupé or-rouge), fut modifié lorsque cette famille gouverna les principautés silésiennes d’Opava et de Krnov et proclama sa parenté avec les seigneurs de Kuenring et d’Ostfriesland. Pour l’anecdote, ce blason est aujourd’hui toujours les armes de la principauté alpine du Liechtenstein, entre l’Autriche et la Suisse. Parmi les autres grandes familles aristocratiques tchèques, avec souvent un titre princier, on pouvait ainsi compter les familles Lobkovic, Eggenberg et leurs héritiers Schwarzenberg, Slavata et leurs héritiers Černín, Colloredo-Mansfeld, Kinský ou encore Dietrichstein. |